David Grubbs


Où êtes-vous ?

Je suis chez moi à Clinton Hill, Brooklyn, New York.


Où auriez-vous dû être ?

Ma femme Cathy et moi avions prévu d'aller en vacances à Mexico cette semaine. Nous y aurions sans doute croisé Thomas Lehn et Tiziana Bertoncini qui devaient s'y produire au même moment, par pure coïncidence. Notre fils Emmett, qui est au lycée à l'école d'Art Frank Sinatra — elle s'appelle vraiment comme ça — était censé être en voyage scolaire au Japon. Quand j'ai dit à ma belle-mère qu'il partait au Japon, elle m'a répondu : « Quand j'étais à l'école, mon voyage scolaire s'est fait à l'abattoir ». Les temps changent.


Que faites-vous en ce moment ?

Je suis en plein milieu d'un semestre d'enseignement de trois cours de Master au sein de trois cursus différents : Arts Sonores, Performance et Arts interactifs (PIMA), et Invention littéraire. Ils se sont tous transformés en réunions sur internet, qui se déroulent mieux que ce à quoi je m'attendais — deux classes sur trois ont demandé si l'on pouvait continuer cette semaine, alors que ce sont les vacances. C'est bon pour moi. J'ai aussi beaucoup de réunions avec des étudiants qui adaptent leurs projets à un format « confiné », principalement les étudiants PIMA, dont le travail consiste bien souvent en des performances interactives publiques.

Je passe aussi quelques heures par jour — en général jusqu'à midi — à travailler sur mon prochain livre, qui est le troisième et dernier d'une série qui inclue Now that the audience is assembled et The Voice in the Headphones. Je pensais que je n'aurais pas la motivation de travailler dessus au quotidien avant cet été, mais bon...

Mis à part cela, je sors deux fois par jours au Fort Greene Park pour promener les chiens. 


Qu’entendez-vous en ce moment ?

Nous n'habitons pas très loin du Brooklyn Hospital — dont on a parlé dans les journaux à cause du camion réfrigéré stationné devant, qui sert de morgue de fortune — et jusqu'à avant-hier, nous avions l'impression d'entendre des sirènes en permanence. C'est assez déprimant, mais je prends le fait que les sirènes soient moins fréquentes comme un signe d'encouragement. C'est assez calme en ce moment (14h20) — il y a beaucoup moins de circulation que d'habitude.


Mettez-vous à profit cette période de confinement pour faire de la musique ?

Oui absolument. Je joue un peu de piano tous les jours, et j'ai trouvé plus de plaisir à travailler — ou plutôt à m'acharner — sur Bach qu'à écrire de nouveaux morceaux. La semaine dernière, j'avais deux événements de prévus — une performance de guitare solo pour l'initiative ESS Chicago’s Quarantine Concerts (https://ess.org/the-quarantine-concerts) et un lancement de livre pour The Voice in the Headphones qui s'est révélée être très amusante — et je viens d'enregistrer et de sortir une pièce (en seulement trois jours — c'est génial !)  sur le merveilleux bandcamp AMPLIFY 2020: quarantine series, initié par Jon Abbey/Erstwhile Records.


Comment sera le monde d’après ?

Brutalisé. Aux USA, nous devons absolument pousser les fascistes hors de la Maison Blanche. Si cela ne se produit pas, je n'ose pas imaginer à quel point les choses vont empirer dans ce pays.


Comment peut-on soutenir la communauté musicale ?

Les gens arrivent très bien à surmonter tout ça en se soutenant les uns les autres, en passant du temps ensemble, en s'exprimant librement, et en partageant la musique qui leur tient à cœur — et aussi en prenant le temps qu'ils n'auraient pas eu autrement pour vraiment discuter, et donner des retours plus construits et un soutien plus substantiel. Mais les musiciens et les artistes ont aussi besoin d'un soutien financier, par n'importe quel moyen. Je suis content d'avoir essayé, et je vais continuer du mieux que je peux.

Cinq musiques à conseiller ?

Luiz Henrique Yudo, Chamber Works (Another Timbre)
Rafael Roginski, Rafael Roginski Plays Henry Purcell (Populista)
Thelonious Monk, Live at the It Club (Columbia)
Judith Hamann, “days collapse days collapse night” (AMPLIFY 2020: quarantine)

Noël Akchoté, You Don’t Bring Me Flowers: Plays Barbra Streisand


Un livre ?

Lisa Robertson, The Baudelaire Fractal (Coach House Press)


Que ferez-vous quand vous sortirez ?


J'irai rendre visite à mes parents dans le Kentucky. J'irai saluer mes amis aux quatre coins du monde.


Liens :
https://amplify2020.bandcamp.com/album/the-snake-on-its-tail-the-furthest-farthest
https://grubbsunami.bandcamp.com/album/comet-meta

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