Lionel Marchetti


Où êtes-vous ?


À Lyon, dans notre appartement.


Où voudriez-vous être ?

Je suis très bien ici.


Que faites-vous en ce moment ?

J’aide ma fille à faire ses devoirs, elle est en 6ème.


Qu’entendez-vous en ce moment ?

Les aubes sont exceptionnellement bleues à Lyon et les oiseaux, nombreux, enchanteurs — j’ai vu remonter le long du Rhône, il y a quelques jours, un vol de cygnes sauvages et lentement ils ont pénétré dans la ville.


Mettez-vous à profit ce confinement pour faire de la musique ?

Écriture le matin, composition l’après-midi, musculation et exercices un jour sur deux, le tout entrelacé de l’aide aux devoirs avec ma fille et de diverses inventions en cuisine… à vrai dire, c’est mon emploi du temps habituel, mais cette fois-ci avec un autre type de concentration ; en général, j’écris le matin tôt dans les cafés…

En ce qui concerne la composition, je suis en train de terminer PLANKTOS, qui sera en ligne sur Bandcamp d’ici quelques jours, grande composition de musique concrète de plus de trois heures, à la forme océanique, en 5 volets, 19 parties, et commencée il y a 4 ans déjà. La composition s’appuie notamment sur l’ouvrage poétique de Régis Poulet, du même nom, édité chez Isolato

« plongeons
plongeons plus loin
plongeons pour dépasser
les temps d'horreur de l'industrie
baleinière et tous ses massacres 


— un salut
à Melville
mais plongeons
plus loin encore
et noyons la métaphysique
dans les masses mouvantes et panocéaniques »


Régis Poulet — extrait de Planktos (2018) 

J’ai terminé un texte d’analyse/interprétation de DIKTAT, un superbe mélodrame de Michel Chion ; le texte paraîtra bientôt. Dans la même lignée, je devrais terminer avant la fin du confinement un texte d’analyse sur LA NOIRE À SOIXANTE de Pierre Henry, écrit qui traînait depuis quelques années déjà.

De retour du Bénin en janvier, peu de temps avant le confinement, j’ai également terminé un recueil poétique suite à mon voyage dans cet incroyable pays avec les musiciens du groupe Akpé Jô Mimi. Nous étions au Bénin pour la fête annuelle du Vaudou.

Enfin, dernières retouches et édition d’une suite poétique écrite au début des années 2000, intitulée « Nostalgie du Cyclope » sur La Revue des Ressources et que l’on peut lire ici :

https://www.larevuedesressources.org/Nostalgie-du-Cyclope-1-3.html



Comment sera le monde d’après ?

Si toute l’énergie de chacune ou de chacun était canalisée pour essayer d’avoir un rapport sain avec la Terre, et surtout pour essayer de vivre dans un rapport poétique avec le Monde, ça ne serait pas mal — mais nous avons bien entendu tous et toutes une main gauche et une main droite.
Histoire de cheminement, histoire de vigilance.
« Apprendre le moi c’est oublier le moi » dit quelque part Kenneth White.


Comment peut-on soutenir la communauté musicale ?

Organiser le plus possible de concerts dès que ce sera possible ; pour les centres de création musicale, en France, s’occuper beaucoup plus de la diffusion des œuvres qu’ils « commandent » plutôt que de ne les jouer qu’une seule fois et de les laisser ensuite s’empoussiérer dans les cartons.
Des tournées acousmatiques !


Cinq musiques à conseiller ?

Watazumi Doso Roshi, un extraordinaire flûtiste japonais (flûte de bambou) que m’a fait récemment découvrir Michel Doneda
https://www.youtube.com/watch?v=SWUBC18yw_A

Très agréablement surpris par Cosmos de Murcof
https://murcofmusic.bandcamp.com/album/cosmos

Les compositions concrètes de Emmanuel Holterbach
https://emmanuelholterbach.bandcamp.com


Jim O'Rourke - to magnetize money and catch a roving eye
https://www.sonoris.org/product/jim-orourke-magnetize-money-return-roving-eye/


Jérôme Nœtinger et Anthony Pateras - A sunset for Walter

Voice Crack - Earflash


Un livre ?


Plusieurs :
« L’esprit nomade » de Kenneth White, tout comme n’importe quel autre livre de ses poèmes.
« L’évangile de Thomas » traduit et commenté par Jean-Yves Leloup ou n’importe quel autre livre de ce même auteur.
« Le grand sommeil des éveillés » de Daniel Odier ou n’importe quel autre livre de ce même auteur.
« Somnambule du jour », poèmes de de Anise Koltz ou n’importe quel autre livre de poésie de cette même autrice.
« Le dieu sauvage du monde », poèmes de Robinson Jeffers
Et surtout le magnifique « Journal du réel gravé sur un bâton » de Michel Jourdan.


Que ferez-vous quand vous sortirez ?

J’irais le plus rapidement possible dans les Alpes, sur les hauteurs, au bord d’un torrent, pour m’immerger dans l’eau transparente et glaciale, écouter la force de la montagne, apprécier sa complexité vivante, avec en poche quelques poèmes chinois de Li Po, du norvégien Olav H. Hauge, de Kathleen Raine ou encore des japonais Saigyô ou Santoka et ce, non sans tenir à la main mon propre cahier et un stylo…


Liens :
compositions et collaborations :
lionelmarchetti.bandcamp.com
écrits :
larevuedesressources.org


Photo :
Kyo Marchetti-Higashi

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